Tous ceux qui ont la délicate charge de développer des personnes (managers, entraineurs, enseignants,…) savent toute l’importance de la notion de confiance en soi. En prenant confiance dans ses capacités à réussir ce qu’il entreprend, l’individu est d’autant plus motivé dans l’activité en question : s’engage alors une spirale vertueuse dans laquelle il éprouve un plaisir à faire, une envie de progresser, un désir de réussir, nourris par les progrès puis succès obtenus, et décuplés par le regard positif des autres.
Quelle place alors accorder au doute ?
Car au pays de Descartes, ces mêmes managers qui soulignent l’importance de la confiance, modèrent leur constat en rappelant qu’il faut « tout de même » cultiver une part de doute. De la confiance : « oui plein… mais pas trop quand même ! »
Comme je l’expliquais dans un précédent billet (Cf. lien à la fin du post) , on confond sans doute parfois la confiance en soi (reposant sur le sentiment d’être capable de réussir ce qu’on entreprend) et l’image de soi (le fait de se voir doué de grandes qualités).
Je faisais remarquer qu’un individu valorisé pour ce qu’il est, nourri de compliments, risquait en effet… d’y croire, et fort d’une trop belle image de lui-même, de basculer dans l’euphorie ou dans l’arrogance : il ne doute de rien et le clame haut et fort ! C’est souvent pour éviter ou contrer l’apparition de cette inconscience dangereuse et agaçante que les managers utilisent reproches ou critiques, espérant contrebalancer ce qu’ils prennent pour un excès de confiance, par une dose de doute sur soi : peut-être qu’à le mettre en face de ses limites, défauts, échecs… il finira par « redescendre sur Terre » !
A l’inverse, les gens animés d’une vraie confiance en eux-mêmes (construite sur la valorisation des actes), ne sont pas des individus qui ne doutent de rien. Ce dont ils ne doutent pas, c’est de leur capacité d’agir avec efficacité, mais par ailleurs, ils restent parfaitement conscients que ces compétences peuvent ne pas suffire. Leur doute n’est pas un doute sur eux-mêmes : c’est un doute sur tout ce qu’ils ne maîtrisent pas (l’environnement, les événements, la concurrence, etc…) à l’image d’un sportif par exemple, qui a une confiance absolue en sa capacité à jouer tel ou tel coup… mais qui pour autant n’a pas de certitude sur l’issue du match, parfaitement conscient qu’il peut tomber sur un adversaire plus fort.
Entre confiance et doute, ne se trouve donc pas tant un enjeu d’équilibre, qu’une question de synthèse. Pour aider l’individu à progresser et réussir, il faut en réalité appuyer sur 2 leviers avec égale intensité :
- « à froid » (en dehors de l’action) entretenir une conscience aiguisée des enjeux,
- « à chaud » (dans l’action ou juste après) lui permettre de gagner toujours plus de confiance en lui (en valorisant de façon systématique les actes accomplis) et de se débarrasser des doutes qu’il a sur lui (en s’abstenant de toute remarque négative sur ses points faibles, limites, défauts).
Antoine Carpentier